Monsieur le Président, excellences
La Conférence nationale Syrienne est un groupe de femmes et d’hommes syriens dont l’ancrage se situe en Syrie et les pays d la diaspora, fédérant des personnalités issues de divers courants politiques et civils mais indépendants.
La Conférence se fonde sur les résolutions des Nations Unies, en particulier le Communiqué de Genève et la résolution 2254 du Conseil de sécurité, comme feuille de route en vue de sortir de la situation tragique en Syrie.
En conséquence, la conférence concentre principalement ses efforts à dégager un consensus national sur les voies et moyens à mettre en œuvre, de même que sur les questions humanitaires découlant de la guerre complexe dont la Syrie est le théâtre, mettant toutefois l’accent sur la nécessité d’accorder la priorité aux questions urgentes.
En ce qui concerne le Comité Constitutionnel, la conférence estime que le mécanisme de travail de cette instance devrait être revu par la tenue de sessions exclusivement à huis clos, parallèlement, aux discussions civiles publiques et des séminaires, dont l’une des missions sera de porter à la connaissance du public l’état d’avancement des travaux. Cette proposition vise à promouvoir un dialogue national en vue de doter la Syrie d’une constitution moderne, en le substituant à une discussion d’un conflit interne entre négociateurs. A ce titre, la Conférence a organisé plusieurs grandes concertations, soit physiquement à Genève soit à distance par vidéo conférence, afin d’ancrer la notion d’« État de Droit » dans la conscience collective. Nous avons en outre invité l’UNSE à convier le plus grand nombre d’experts, de spécialistes, de politiques et de juristes à Genève en vue d’élargir le champ d’action et d’influence de la Conférence, en accordant une attention constante sur le fait que la piste constitutionnelle constitue un élément d’un tout, visant à renforcer les mesures de confiance, la transition politique et la difficile situation sanitaire dont les Syriens pâtissent dans diverses régions du pays. Le processus politique en Syrie s’est limité à la seule voie constitutionnelle, occultant complètement tout ce qui a trait aux mesures visant à restaurer la confiance mentionnée aux paragraphes 13, 14, 12 de la RCSNU 2254. Entre temps, les besoins humanitaires d’urgence n’ont pas reçu le l’attention qu’ils méritent. Le nombre de Syriens déplacés s’élève à 6,7 millions de citoyens, dont certains déplacés de force.En superposition, les personnes déplacées souffrent des violations flagrantes en matière de logement, de même que la propriété des biens HLP (Pour Haut-Le-Pied, est une expression utilisée en transport ferroviaire et routier désignant tout déplacement non commercial d’un véhicule sur le réseau. Dans de nombreux cas, ces victimes se transforment en agresseurs dans les nouvelles zones de leur redéploiement, en particulier ceux appartenant à un groupement armé. La Conférence demande instamment l’inclusion de la question du déplacement forcé, du logement, de la terre et de la propriété dans le cadre des négociations et des délibérations de l’Envoyé spécial avec les différents les parties prenantes. D’une manière générale, les problèmes précités provoquent une rupture dans le tissu sociétal syrien, génératrice d’affrontement. Mention particulière doit être faite aux violations qui se produites dans la ville d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie. De nos jours, c’est un exemple de ce qui se passerait si les problèmes précédents restaient sans solution.Les associations du barreau ou les organisations de défense des droits de l’homme sont dans l’incapacité d’intervenir parce qu’elles sont non protégées par des forces de sécurité locales ou internationales. De surcroît, il est loisible qu’ils aillent grossir les rangs des détenus arbitrairement croupissant dans divers centres de détention à travers différentes régions syriennes. Les conditions de vie difficiles des Syriens à l’intérieur du pays sont parmi les pires dans la région, qu’il s’agisse du revenu mensuel ou de l’accessibilité aux produits de première nécessité comme l’eau, l’électricité, la nourriture et les médicaments. L’économie de guerre a prospéré dans ses divers aspects à la manière d’une prolifération cancéreuse dans le corps humain. Dans ce contexte, il est regrettable que « le commerce des mercenaires » soit devenu la seule possibilité pour des milliers de jeunes chômeurs de trouver un emploi. Le nombre de réfugiés syriens avoisine aujourd’hui les six millions et demi. Il est regrettable de constater à ce propos que les conditions d’un retour sûr et sécurisé ne sont pas disponibles ni dans les territoires contrôlés par gouvernement syrien ni dans les espaces sous contrôle des gouvernements de facto. La conférence, à travers son large réseau disséminé au sein de la société syrienne, est en mesure de construire des ponts entre les Syriens en Europe, chercher à construire des réseaux de protection, d’interaction et d’assistance pour notre peuple. Des centaines de milliers de familles en Syrie vivent, sans le moindre soutien financier d’un parent. Notre peuple à l’intérieur de la Syrie espère, non seulement que le réfugié soit dans une situation sûre et acceptable, mais soit également en mesure d’être aidé et que sa souffrance et sa douleur soient entendues hors des frontières. La Conférence déplore que les sanctions économiques édictées par l’ONU frappent indistinctement la totalité de la Syrie, plutôt d’avoir opté pour des « sanctions intelligentes ou sanctions ciblées ». En ce qui concerne le territoire syrien, la majorité des grandes entreprises économiques occidentales soient réfractaires à l’égard de la Syrie. Au quotidien, les problèmes liés aux implications des sanctions internationales, surajoutées à la propagation de la pandémie de Covid-19 ont considérablement compliqué la tâche du personnel médical sur le terrain. De ce fait, notre équipe médicale a rencontré de grandes difficultés à assurer la livraison de vaccins et de tests sur l’ensemble du territoire syrien. A noter qu’il était fréquent que les médecins syriens assurent des permanences de 20 heures par jour, faute de personnel et de matériel. A titre d’exemple, les réseaux sociaux ne sont pas parvenus, à ce jour, à se mettre d’accord sur une hotline qui permette aux médecins syriens de la diaspora de mettre en place des consultations gratuites, à distance, pour les familles en état de nécessité. La raison invoquée est que la Syrie est soumise aux sanctions qui prohibent de telles pratiques. Les dommages que ces sanctions actuelles causent au peuple syrien sont d’une exceptionnelle gravité. Parmi les priorités humanitaires, il importe de reconsidérer les sanctions unilatérales imposées à la SyrieLa Conférence déplore vivement le fait que les institutions internationales n’accordent pas l’attention nécessaire à la question des arrestations arbitraires et des personnes portées disparues en Syrie. Les autorités syriennes traitent les détenus syriens en otages et en monnaie d’échange. Mais ce comportement inhumain n’exonère pas pour autant le comportement des milices des groupements armés dans les zones sous leur de contrôle, dont le traitement des détenus qui n’est guère meilleure. La conférence, avec l’aide précieuse de la diaspora syrienne, et a participé activement, en coopération avec les hommes d’affaires, à la restauration d’écoles, d’hôpitaux, de mosquées et d’églises dans le sud de Syrie, en dépit des restrictions inhérentes à l’état de fait en Syrie et le harcèlement de la part du gouvernement. Il est d’une impérieuse nécessité de soulever la question de l’exclusion des sanctions économiques contre la Syrie, les opérations vitales de construction d’écoles et d’hôpitaux, en ce que le fait d’ajourner la discussion sur ce sujet ou le lier à la reconstruction équivaudrait à sacrifier une génération entière de nos enfants.La Conférence exprime sa grande confiance dans le rôle de la diaspora syrienne dans son soutien financier et politique à leurs compatriotes demeurés en Syrie et qui ont fait preuve de stoïcisme dans l’adversité. La conférence proclame son soutien à toutes les initiatives visant à trouver un terrain d’entente au sein de la diaspora en vue d’unifier leurs voix et de la mettre en mesure de jouer un rôle politique majeur vers une solution politique en Syrie. Par conséquent, la Conférence attire l’attention sur la nécessité de renforcer ces initiatives et de permettre en outre aux réfugiés également de jouer un rôle actif dans la réalisation de la paix en Syrie. Nous refusons de confisquer notre droit à l’espoir, alors que le tableau d’ensemble manque de clarté. La conférence souhaite vivement que le Conseil de sécurité et d’une manière générale, les Nations Unies, donnent à la question syrienne toute la place qu’elle mérite à la mesure de l’ampleur de la tragédie vécue par les Syriens à l’intérieur de la Syrie et à l’étranger. En outre, il est nécessaire que les organisations régionales et internationales placent leurs allocations pour la Syrie au bon endroit et dans la mesure du possible.La conférence attire enfin l’attention sur le fait que la marginalisation de la question syrienne a de graves conséquences sur la sécurité régionale et internationale.
Mme Mounerfah AL BAROUKI, Coordonnatrice du Secrétariat général de la conférence national syrien.
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